Aimer, penser, créer : ce qui me guide

Ce qui m’occupe, ce n’est pas une méthode ou une théorie figée, mais un mouvement à réanimer : aimer, penser, créer.

Trois fonctions psychiques essentielles qui, chez certain·es, se sont figées, étouffées ou rendues inaccessibles. 

Mon travail, dans ces lieux-là, consiste à créer l’espace pour que quelque chose puisse recommencer à circuler.

Depuis mes premiers travaux, je m’attache à comprendre les formes de transmission silencieuse qui traversent les histoires familiales et affectives. J’ai travaillé de manière approfondie sur la transmission mère-fille, sur ce qui se passe entre les femmes à travers les générations sans se dire, mais qui s’imprime dans les liens, dans les choix, dans les corps. J’ai également consacré une grande part de ma réflexion à la féminité, à la sexualité féminine, au rapport au corps sexué et regardé, aux conflits internes que cela génère. Mais ce qui revient toujours dans mon travail, c’est la question de l’amour — pas au sens idéalisé ou romantique, mais comme force psychique : aimer comme capacité à se relier à soi, à l’autre, au monde, à s’engager dans le lien sans s’y dissoudre. Je m’intéresse à l’amour là où il ne passe plus, là où il s’interrompt, là où il se répète à vide ou se retourne contre soi.

Mon intérêt pour la parole et le corps m’a également menée à travailler sur l’autisme à l’âge adulte, sur la voix silencieuse, la perception du monde, les stratégies de retrait, et sur le vieillissement, les maladies chroniques, le deuil — tous ces moments où la parole devient difficile, et où le lien à soi, à l’autre, à la pensée, vacille. Je considère la création non comme un supplément, mais comme une nécessité psychique : créer, c’est parfois penser autrement, aimer autrement, reprendre quelque chose de soi là où il n’y avait plus que répétition ou effondrement.

Ma pratique clinique est profondément ancrée dans l’époque, dans les cultures, dans les contextes. Je ne pense jamais un symptôme sans entendre ce que la société, les héritages, la langue et le monde produisent autour et à l’intérieur du sujet.

Aimer, penser, créer — ce ne sont pas des mots vides. Ce sont les gestes les plus puissants de la vie psychique quand elle cherche à se remettre en marche. Et c’est dans ce mouvement-là que je me tiens.